Innocent Ibrahim a commencé par être un ambassadeur de la planification familiale pour les jeunes, c'est-à-dire un jeune qui parle de contraceptifs à d'autres jeunes.

Il ne savait que trop bien que quelque chose d'aussi simple qu'un implant ou un préservatif pouvait faire la différence entre une grossesse précoce et non désirée et un avenir fait d'éducation et de prospérité - en particulier dans des pays comme le sien, où la fécondité et les décès maternels sont élevés et où l'accès aux services de santé génésique est faible.

Et il voulait s'assurer que ses amis et ses pairs au Niger le savaient aussi.

"J'ai ressenti le devoir moral de contribuer à l'amélioration de la santé des jeunes et de la population en général, au Niger et ailleurs", explique Innocent.

En 2015, il a donc rejoint un mouvement. Il est l'un des 364 jeunes activistes de toute l'Afrique de l'Ouest à devenir ambassadeur de la jeunesse pour la planification familiale. Ils suivent une formation dispensée par IntraHealth International dans le cadre de son projet Civil Society for Family Planning Plus (CS4FP Plus), afin de mener des campagnes de plaidoyer en faveur de la planification familiale et de la santé reproductive dans les neuf pays francophones d'Afrique de l'Ouest qui composent le Partenariat de Ouagadougou, une coalition qui s'efforce de donner accès à la planification familiale à 2,2 millions de personnes supplémentaires dans la région d'ici à 2020.

Les ambassadeurs s'adressent aux décideurs de leur pays pour faire entendre leurs priorités. Ils s'adressent aux enfants d'âge scolaire, aux jeunes adultes et aux jeunes mariés pour leur proposer une éducation sexuelle et des informations sur les différentes options contraceptives, y compris les méthodes réversibles à longue durée d'action telles que les implants et les injectables.

"L'argument économique est souvent le plus efficace pour toucher les gens", explique Innocent. "Auparavant, l'éducation et les soins de santé étaient fournis gratuitement par le gouvernement, mais ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, les gens ne peuvent souvent pas se permettre d'avoir trop d'enfants. Espacer les naissances permet aux maris et aux femmes de contribuer économiquement à leur famille."

Lorsque l'éducation sexuelle a été introduite pour la première fois au Niger, elle a suscité de vives réactions.

Depuis l'époque où il était jeune ambassadeur, Innocent a été promu. Il est désormais coordinateur national de CS4FP Plus au Niger, ce qui signifie qu'il supervise les activités de la coalition, y compris celles organisées par les jeunes ambassadeurs.

Une partie du nouveau rôle d'Innocent est de servir de pont entre l'équipe CS4FP dans la capitale et les activités sur le terrain. Il assure la coordination entre les ministères de la santé et de l'éducation et le Partenariat de Ouagadougou, ainsi qu'entre les ministères et le projet. Son rôle dans la gestion des relations d'un consortium complexe est un défi.

L'extension de l'éducation sexuelle au Niger constitue cependant un défi encore plus important. Ensemble, les partenaires progressent.

"Lorsque l'éducation sexuelle a été introduite pour la première fois au Niger, certains chefs religieux ont vivement réagi, au point que le gouvernement a retiré ces modules des écoles", explique Innocent. "Les parents se sont également opposés à ce qu'ils considéraient comme une incitation à la sexualité pour leurs enfants.

Mais il est vite apparu que les besoins d'information des jeunes Nigériens n'étaient pas satisfaits. Le gouvernement s'est donc tourné vers un programme d'éducation sexuelle complète pour répondre à ces besoins. Toutefois, pour apaiser les inquiétudes des parents, Innocent précise que "le programme ne s'appelle plus "éducation sexuelle complète" au Niger, mais a été rebaptisé "éducation à la santé reproductive des jeunes et des adolescents"".

CS4FP Plus a adapté les modules d'éducation pour s'assurer qu'ils sont complets et adaptés à la réalité socioculturelle spécifique du Niger, en partenariat avec le Ministère de l'Enseignement Secondaire (MSE).

Le MSE met actuellement en œuvre les modules d'éducation sexuelle dans les collèges et lycées en formant 450 enseignants dans trois régions du Niger (Tilaberi, Zinder et Agadez) avec le soutien financier de l'UNFPA. CS4FP Plus contribuera à la formation de 105 enseignants dans deux régions du Niger (Maradi et Niamey). Enfin, le projet a formé 60 formateurs de formateurs à Niamey et dans l'ensemble du pays, avec le soutien financier du gouvernement néerlandais.

Les enfants de ces régions auront désormais accès à ces informations pendant les cours ainsi que dans les clubs de santé extrascolaires des collèges et des lycées.

"Nous nous demandons sans cesse comment faire pour que l'information parvienne aux étudiants qui en ont besoin". explique Innocent.

Je leur donne des conseils que je n'ai pas reçus lorsque j'étais ambassadeur de la jeunesse.

Lui et l'équipe de CS4FP Plus travaillent également à l'intégration des services de planification familiale au Niger avec d'autres services, tels que la nutrition.

"Il est important qu'une personne qui se rend dans un centre de santé puisse bénéficier des deux services à la fois", explique-t-il. "C'est particulièrement important pour les populations déplacées ou réfugiées. L'équipe plaide également en faveur de services de santé génésique et de planning familial plus adaptés aux jeunes.

Après avoir débuté comme jeune ambassadeur, Innocent avait déjà une idée assez précise des réalités et des défis liés à la généralisation de la contraception au Niger. Il veille donc à ce que les jeunes ambassadeurs qu'il supervise aujourd'hui bénéficient d'un soutien aussi important, voire plus important, que celui dont il disposait lorsqu'il était à leur place.

"Je leur donne des conseils que je n'ai pas reçus lorsque j'étais jeune ambassadeur", explique-t-il. "Je leur parle des critères d'éligibilité, je m'assure qu'ils sont respectés, je leur explique comment se comporter et s'organiser en tant que réseau.

Encore une chose qui a changé depuis l'époque où il était ambassadeur de la jeunesse : Innocent s'est marié.

"Avant d'être mariée, beaucoup de mes amies venaient me demander des conseils en matière de planning familial parce qu'elles me faisaient confiance et que je leur parlais de manière proactive. Mais maintenant que je suis mariée, je comprends encore mieux ce que veulent et ce dont ont besoin les jeunes couples mariés. Je suis à leur place maintenant.

Lire aussi : Innocent Ibrahim : Planificateur d'avenir

Le projet CS4FP Plus d'IntraHealth International CS4FP Plus d'IntraHealth International d'IntraHealth International engage des jeunes dans les neuf pays francophones du Partenariat de Ouagadougou en tant qu'ambassadeurs de la jeunesse pour la planification familiale. L'initiative CS4FP Plus est financée par la Fondation William et Flora Hewlett et l'Ambassade des Pays-Bas. Les autres partenaires sont la Coalition des OSC PF de la Côte d'Ivoire, la Coalition des OSC PF de la Guinée, la Coalition des OSC PF de la Mauritanie, la Coalition des OSC PF du Togo, la Coalition Régionale des OSC PF, l'Alliance régionale des réseaux de JASRPF et Etrilabs. IntraHealth International héberge l'Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou, principalement financée par la Fondation William et Flora Hewlett et la Fondation Bill & Melinda Gates.

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Les jeunes Nigériens veulent une éducation sexuelle complète, accompagnée de conseils solides

Au Niger, la sexualité et les contraceptifs ne sont pas toujours des sujets faciles à aborder. Pourtant, les choses changent peu à peu.

Au départ, Innocent Ibrahim était un jeune ambassadeur pour la planification familiale -essentiellement, c'était un jeune qui parlait des contraceptifs à d'autres jeunes gens.

Il était très bien placé pour savoir qu'une chose aussi simple qu'un implant contraceptif ou un préservatif pouvait changer le cours des choses et favoriser un avenir propice à l'éducation et la prospérité au lieu de faire face à une grossesse précoce et non désirée - surtout dans des pays comme le sien, où la fertilité et la mortalité maternelles sont élevées et l'accès aux services de santé reproductive est faible.

Et il voulait s'assurer que ses amis et ses pairs au Niger le savaient aussi.

" J'estimais que c'était mon devoir d'apporter ma contribution à l'amélioration de la santé des jeunes, et de la population en général, au Niger et au-delà, " dit Innocent.

Ainsi en 2015, il prit part à un mouvement. Avec 364 jeunes activistes de toute part de l'Afrique de l'Ouest, il devint un jeune ambassadeur pour la planification familiale. Ces émissaires reçoivent une formation, dispensée par IntraHealth International par le biais de son projet Civil Society for Family Planning Plus (CS4FP Plus - Société civile pour la planification familiale), afin de lancer des campagnes en faveur de la planification familiale et de la santé reproductive à travers neuf pays francophones d'Afrique de l'Ouest qui constituent le Partenariat de Ouagadougou, une coalition qui œuvre pour permettre l'accès à la planification familiale à 2,2 millions de personnes de plus dans la région d'ici à 2020.

Les ambassadeurs plaident auprès des décideurs de leurs pays pour que leurs priorités soient entendues. Et ils établissent le dialogue avec les enfants en âge scolaire, les jeunes adultes et les jeunes-mariés pour leur offrir une éducation sexuelle et leur donner des informations sur les différentes options en matière de contraception, incluant les méthodes réversibles et de longue durée comme les contraceptifs injectables et les implants.

" L'argument économique est souvent le plus efficace pour convaincre les gens, " explique Innocent. "Auparavant, l'éducation et les soins de santé étaient fournis gratuitement par le gouvernement, mais ce n'est plus le cas. Par conséquent, les populations n'ont pas souvent les moyens d'avoir un trop grand nombre d'enfants. L'espacement des naissances permet aux deux époux d'apporter une contribution à leurs familles sur le plan économique. "

Depuis son rôle d'ambassadeur auprès des jeunes, Innocent a reçu une promotion. Il est désormais coordinateur pays pour le CS4FP Plus au Niger ; c'est-à-dire qu'il supervise les activités de la coalition, y compris celles qu'organisent les jeunes ambassadeurs.

Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Innocent assure la liaison entre l'équipe CS4FP dans la capitale et les activités sur le terrain. Il coordonne la collaboration entre les ministères de la santé et de l'éducation, et le Partenariat de Ouagadougou, ainsi qu'entre les ministères et le projet. La gestion des relations d'un consortium complexe n'est pas tâche facile pour Innocent.

Pour autant, le plus grand défi reste celui de développer l'éducation sexuelle au Niger. À eux tous, les partenaires accomplissent des progrès.

" Lorsque les premiers cours d'éducation sexuelle ont été introduits au Niger, il y eut une vive réaction de la part de certains chefs religieux, à tel point que le gouvernement a retiré ces modules des programmes des écoles, " raconte Innocent. " Les parents s'opposaient aussi à ce qu'ils considéraient comme une incitation pour leurs enfants à avoir des relations sexuelles ".

Mais il s'est rapidement avéré que les besoins des jeunes en informations dans ce domaine n'étaient pas remplis. Le gouvernement s'est donc tourné vers un programme d'éducation complète à la sexualité pour répondre à cette lacune. Mais pour apaiser les inquiétudes des parents, Innocent ajoute, " le programme ne s'appelle plus "éducation complète à la sexualité" au Niger, mais a été rebaptisé "Éducation complète à la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes" ".

Le projet CS4FP Plus a adapté les modules d'éducation pour veiller à ce qu'ils soient complets et correspondent à la réalité socioculturelle propre au Niger, en partenariat avec le ministère des Enseignements secondaires (MSE).

Pour l'heure, le MSE met en œuvre des modules d'éducation sexuelle dans les collèges et les lycées par le biais de la formation de 450 enseignants dans trois région du Niger (Tilaberi, Zinder et Agadez) grâce au soutien financier de la UNFAP (Fonds des Nations Unies pour les populations). Le projet CS4FP Plus aidera à former 105 enseignants dans deux régions du Niger (Maradi et Niamey). Aussi, le projet a formé 60 formateurs de Niamey et de l'ensemble du pays avec le financement du gouvernement hollandais.

Les enfants de ces régions auront désormais accès à ces informations pendant les cours et aussi dans les clubs de santé des collèges et des lycées après l'école.

" Nous nous posons toujours la question, "comment garantir que les informations parviennent aux élèves qui en ont besoin ? " poursuit Innocent.

Lui et l'équipe CS4FP Plus œuvrent aussi pour intégrer les services de planification familiale au Niger à d'autres services, comme celui de la nutrition.

" Il est important de faire en sorte que quelqu'un qui vient au centre de santé puisse recevoir les deux services à la fois ", dit-il. " Et c'est encore plus important pour les populations déplacées et les réfugiés ". L'équipe préconise aussi des services de santé reproductive et de planification familiale plus conviviaux auprès des jeunes.

Ayant fait ses débuts en tant que jeune ambassadeur, Innocent était déjà bien conscient des réalités et des difficultés que présentaient la mise à disposition plus étendue des moyens contraceptifs au Niger. Il fait donc en sorte que les jeunes ambassadeurs qu'il supervise aujourd'hui reçoivent le même appui, voire davantage d'appui, que lorsqu'il était à leur place.

" Je leur donne des conseils que je n'avais pas lorsque j'étais ambassadeur, " explique-t-il. "Je leur parle des critères d'éligibilité, en veillant à ce qu'ils gagnent le respect qui leur est dû, qu'ils se conduisent convenablement et qu'ils forment un réseau entre eux. "

Autre chose a changé depuis qu'Innocent était ambassadeur des jeunes ; il s'est marié.

" Avant que je me marie, nombre de mes amis venaient me demander conseil pour la planification familiale parce qu'ils me faisaient confiance, et je leur parlais dans une optique prévoyante. Mais depuis que je suis marié, j'ai encore une meilleure idée de ce que veulent et ce dont ont besoin les jeunes couples. Je peux désormais me mettre à leur place. "

Lire aussi : Innocent Ibrahim : Planificateur d'avenir

Le projet CS4FP Plus d'IntraHealth International fait appel à des jeunes gens provenant de neuf pays francophones d'Afrique de l'Ouest, membres du Partenariat de Ouagadougou, pour être jeunes ambassadeurs pour la planification familiale. L'initiative du CS4FP Plus est financée par la Fondation William et Flora Hewlett et l'ambassade de Hollande. D'autres partenaires incluent la Coalition des OSC PF de la Côte d'Ivoire, la Coalition des OSC PF de la Guinée, la Coalition des OSC PF de la Mauritanie, la Coalition des OSC PF du Togo, la Coalition régionale des OSC PF, l'Alliance régionale des réseaux de JASRPF, et Etrilabs.IntraHealth International héberge l'Unité de coordination du Partenariat de Ouagadougou financée en grande partie par la FondationWilliam et Flora Hewlett et la Fondation Bill & Melinda Gates.